MONARQUES

Sur l’aile d’un papillon, spectacle créé en mars 2024 dans le cadre de l’Itinérance du Théâtre de Lorient a été le point de départ de Monarques.

Monarques est une nouvelle création pour grand plateau.

« Le spectacle est né en mars 2024, sous une première forme, itinérante et légère, avec le CDN de Lorient, en décentralisation. Il vit dans les salles des fêtes, les gymnases. Il se déploiera en grand plateau, en 25 -26. Redimensionné pour cela, dans une forme plus ample :
le wagon qui est son décor aujourd’hui deviendra un train… L’histoire s’étendra de 50 minutes à 1 h 40…
Ils sont 2 acteurs en itinérance, ils seront 5 acteurices en grand plateau (Julien Chavrial, acteur permanent du CDN de Lorient, Nicolas Moumbounou, acteur, danseur, et chanteur congolais et 3 acteurices d’Amérique du Sud).

C’est une histoire vraie car ce sont mes préférées, deux odyssées croisées : celle d’un parapentiste qui, pour faire connaître au monde le déclin des papillons monarques, s’est envolé avec eux, et les a suivis dans leur migration, du Canada jusqu’à leur sanctuaire, une forêt de sapins sacrés dans les montagnes du Mexique. C’est là que les monarques migrent chaque automne depuis deux millions d’années.

Quand les grands froids arrivent, ces êtres de 0,5 grammes traversent un continent et trois pays, cinq-mille kilomètres, luttant contre les tempêtes, les prédateurs, les maladies, nos autoroutes et nos ravages.

Au milieu des années 90, c’était un milliard de monarques qui migraient encore. L’année dernière, ils n’étaient plus que trente-cinq millions à cause des pesticides, des dérèglements climatiques, de la déforestation.

Mais ces papillons ont leurs protecteurs.

Et parmi eux mon héros parapentiste : il a grandi au Canada. En grandissant il a vu leur extinction, les prairies sauvages de son enfance dépeuplées des papillons qui les habitaient autrefois.

Le 5 mai 2021, pour dire au monde leur disparition, mon héros s’est envolé avec eux, ouvrant une voie dans le ciel sur son parapente aux couleurs du Monarque, guidé jusqu’au Mexique par les nuées de papillons.

Je croiserai cette odyssée avec celle d’un migrant de la Bestia, un train de marchandises qui traverse le Mexique jusqu’à la frontière américaine. Des réfugiés de toute l’Amérique du Sud et d’Afrique s’accrochent à ses wagons, montent sur son toit, pour rejoindre les Etats-Unis et le Canada. Beaucoup meurent de cet espoir.

Le papillon monarque est devenu leur symbole.

Je raconterai ces deux odyssées. Du Nord au Sud, du Sud au Nord.

Je voudrais faire un spectacle comme une ode à ces deux êtres humains et à ces millions de papillons.

Une ode à l’extrême fragilité du vivant, et de nos enchantements.

Et célébrer tous les migrateurs, humains et non-humains. »

Emmanuel Meirieu, novembre 2024